* Critique: la pièce «Quitas» d'Elisabeth Locas


Écrit par : yanik

La Société des anges, compagnie de théâtre, présente «Quitas» d'Elisabeth Locas, dans une mise en scène de Martin Champagne, à l'Espace Georgie, 4001 rue Berri, à Montréal, du 23 mai au 3 juin 2006

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MA MÈRE, MON MIROIR ?

Malgré le fait que je sois un consommateur de théâtre boulimique, l'Espace Geordie m'avait toujours échappé. J'avais bien voulu aller y voir quelques spectacles, au fil des années, mais je n'avais jamais «réussi» à m'y rendre. C'est «Quitas» qui m'y aura enfin amené. La nouvelle pièce d'Elisabeth Locas est une oeuvre poétique, spirituelle, éthérique par moments... et pourtant ancrée dans un réalisme bien concret, contrairement à ce qu'en dit le metteur en scène Martin Champagne dans le programme. Ce dernier a fait le bon choix en se laissant porter par les images très fortes proposées par le texte, mais il n'a pas pour autant écarté les situations bien terre-à-terre que vivent les personnages, Marie (incarnée par Brigitte Hébert), Miel (habitée par l'auteure) et Louis (joué par André Nadeau). L'environnement sonore créé (et chanté) par Julie Goupil nous porte d'une scène à l'autre avec aisance et doigté. Plusieurs scènes sont très fortes, d'autres permettent un certain «comic relief» tout en étant chargées d'une virulente critique sociale pleinement assumée (les scènes où la magnifique Karine Perron incarne Maëlle-la-directrice-de-l'entité et la délicieuse Madeleine-pulpeuse-infirmière-en-chirurgie-esthétique sont particulièrement réussies). Le principal reproche que je ferais à cette pièce serait que le personnage de Marie fait des choix qui la rendent antipatique. En faisant croire à Louis, son amoureux, qu'elle le trompe plutôt que de lui avouer qu'elle est enceinte de lui (ce qu'il a toujours voulu), elle devient odieuse. Elle a beau se l'avouer elle-même,... j'ai eu de la difficulté à apprécier sa quête par la suite. Cependant, Miel (qui porte très mal son nom au début, froide et dure au possible !) vient nous chercher, nous porte, nous touche... et on comprend pourquoi elle est si dure. «Quitas» est une pièce qui mérite d'être vue, mérite d'être appréciée,... La Société des anges a créé une belle production avec peu de moyens. Une réussite.

Ce commentaire a d'abord été publié sur le site www.voir.ca