* Opinion: Laissez les enfants être des enfants !


Écrit par : yanik

Dernièrement, des panneaux publicitaires annonçant les prêts hypothécaires de la Banque Laurentienne faisaient leur apparition aux abords de nos routes et autoroutes. Ces publicités ont vivement fait réagir Yanik Comeau, ancien journaliste et responsable des communications, enseignant, écrivain... et père au foyer. Les panneaux en question présentent des fillettes de 4 à 6 ans (environ) qui lancent des phrases comme «Quoi ? Tu n'as pas encore de maison ?» ou «Tu es encore à logement ?»

Voici un article publié dans le Journal de Montréal à ce sujet. Sur le site canoe.com, on demandait aux internautes de répondre à la question: «Trouvez-vous que les publicités de la Banque Laurentienne sont offensantes pour les locataires ?» Plus bas, vous pourrez lire le commentaire de Yanik Comeau à ce sujet.

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(Article du Journal de Montréal)

Après la publicité de KIA, c'est au tour de panneaux publicitaires de la Banque Laurentienne de semer la controverse. Cette fois-ci, les associations de défense des droits des locataires montent aux barricades pour protester contre une publicité qu'ils considèrent dégradante.

La campagne publicitaire contestée montre des enfants qui posent des questions comme «T'as pas encore de maison?» ou encore «T'es encore locataire?». Des remarques qui, selon les groupes de locataires, insultent ceux qui n'ont pas les moyens, ou simplement l'envie, d'être propriétaire.

«On ne devrait pas porter de jugement de valeur sur les gens qui vivent en logement», dit le représentant du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), André Trépanier.

«C'est une publicité insultante ! C'est comme si c'était un tort d'être locataire, déplore le porte-parole du FRAPRU, François Saillant. La plupart des locataires ne le sont pas par choix. Ils n'en ont tout simplement pas les moyens.»

Dur, dur, d'être proprio

Selon les associations de défense des droits des locataires, il est difficile d'accéder à la propriété et la publicité de la Banque Laurentienne ne fait que le rappeler à ceux qui vivent en logement.

«C'est de plus en plus difficile d'avoir une maison avec la hausse des taxes et du coût des propriétés, croit la coordonnatrice du Comité logement de la Montérégie, Hanh Lam. Ce n'est pas une raison de rire de ceux qui n'arrivent pas à accéder à la propriété.»

«Tout le monde rêve de posséder son propre logement», ajoute François Saillant. Selon le RCLARQ, 75% des Montréalais vivent en logement.

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COMMENTAIRE DE YANIK COMEAU
Je ne sais pas si la publicité est offensante pour les locataires, mais j'ai non seulement un problème avec «l'utilisation» des enfants dans ce genre de publicité, mais encore (et surtout) j'ai un problème avec les adultes qui font parler les enfants comme des adultes. Comme parent, je suis horrifié par les autres parents qui parlent de sujets d'adultes devant leurs enfants et qui trouvent ça «cute» quand les petits se mettent ensuite à parler de politique, à répéter des opinions entendues sur la religion, les choix de société ou... les hypothèques ! Peut-on laisser les enfants être des enfants ? À mon sens, les enfants sont des citoyens en devenir. Ils sont des êtres humains à part entière, mais des citoyens en devenir. Ils n'ont pas d'affaires, à 4, 5, 6 ans (comme les enfants sur les panneaux publicitaires), à connaître quoi que ce soit sur les hypothèques et les loyers. Ils ne devraient pas passer de tels jugements et, habituellement, ils ne le font pas... sauf lorsque des publicitaires (ou des parents imprudents) leur mettent de tels mots dans la bouche. Je trouve ça «cute» quand ma fille me dit qu'il y a «une rumeur qui court... les fromages d'ici c'est toujours bon» (et encore, je surveille parce que je ne veux pas qu'elle se mette à parler seulement avec des phrases "toutes faites"), mais je ne trouverais pas du tout mignon qu'elle commence à me dire qu'une de ses amies de la pré-maternelle est moins bonne qu'elle parce qu'elle est SEULEMENT en appartement. Laissons les enfants être des enfants et enlevons-leur ces mots d'adultes de la bouche !