* Critique: Théâtre: «Warda» de Sébastien Harrisson: En direct de l’univers de…


Écrit par : yanik

Verdun, dimanche, le 21 janvier 2018 - Je gardais – et je garde toujours – un excellent souvent de la première pièce de Sébastien Harrisson que j’ai vue : «D'Alaska» dans une production du Théâtre Bluff à la Maison Théâtre. Je garde aussi – et garderai toujours – des souvenirs impérissables des différentes productions du Théâtre Les Deux Mondes auxquelles j’ai eu la chance d’assister («Terre promise/Terra promessa», «L’Histoire de l’oie», «2 191 nuits», «Clairière», «Leitmotiv»). Je garde un souvenir tendre du temps que j’ai passé à La Marmaille (avant qu’elle devienne Les Deux Mondes) avec Daniel Meilleur, Michel Robidoux, Monique Rioux et Clotilde Cardinal. J’avais donc très hâte de goûter à «Warda», cette toute nouvelle coproduction avec le Rideau de Bruxelles.

par Yanik Comeau (ComunikMédia/ZoneCulture)

Warda ne déçoit pas. Bien au contraire. Avec cette pièce, Sébastien Harrisson, directeur artistique des Deux Mondes depuis 2013, confirme sa place et sa voix dans la dramaturgie québécoise, voire mondiale. Un texte qui fait du bien. Une pièce qui nous plonge dans un univers intriguant, intéressant, énigmatique sans pour autant se perdre dans les méandres de son mystère.

Warda est le nom de l’héroïne d’un conte pour enfants écrit par une écrivaine flamande (la délicieuse Mieke Verdin) dont on tentera de comprendre l’importance dans la vie du personnage principal, Jasmin (incarné par le charismatique et talentueux Hubert Lemire qui, par moments – tant par son personnage que par son interprétation – m’a fait penser à l’excellent Neil Patrick Harris dans "How I Met Your Mother") presque jusqu’à la fin de la pièce. Le jeune globetrotteur québécois visitera Paris, Londres, Bruxelles pendant son voyage d’affaires européen. Il se trouvera séduit par un tapis qu’il voudra absolument acquérir et rapporter chez lui. Il y rencontrera sa tante Colombe (Violette Chauveau au sommet de sa forme), Lily, une étudiante anglophone aventureuse (jouée par la comédienne anglo-canadienne Victoria Diamond, bien connue de la scène théâtrale anglo-montréalaise) et un Belge d’origine marocaine tout aussi mystérieux (Salim Talbi que l’on découvre avec plaisir).

Cette excellente production, mise en scène par le Belge Michael Delaunoy, qui s’était déjà frotté à l’œuvre de Sébastien Harrisson il y a plus de quinze ans lorsqu’il avait signé la mise en lecture d’un des textes du dramaturge québécois dans le cadre d’un festival artistique européen, réussit à la fois à nous transporter dans un univers singulier et à ne pas nous perdre dans la complexité de son intrigue. On s’attache aux personnages, on s’amuse, on est touchés, on passe un moment magique pendant lequel le temps semble suspendu.

En acceptant de devenir partenaire de co-diffusion de cette production, la directrice artistique du Groupe de la Veillée, Carmen Jolin, frappe une fois de plus dans le mil : Faire rayonner à la fois des artistes internationaux et des artistes locaux. Cette fois, ce n’est pas le texte ou l’auteur qui sont étrangers (comme c’est souvent le cas, notamment cette saison avec Arne Ligre et Ivan Viripaev), mais certains des comédiens et le metteur en scène. Le résultat ? Une voix singulière nous offrant une histoire universelle, livrée par une équipe bigarrée mais magnifiquement unie et bien dirigée par un metteur en scène avec une vision claire.

Courez voir «Warda» au Théâtre Prospero. Et souhaitons tous que ce texte de chez nous saura rayonner sur tous les continents.

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«Warda» de Sébastien Harrisson
Mise en scène : Michael Delaunoy
Avec Violette Chauveau, Victoria Diamond, Hubert Lemire, Salim Talbi, Mieke Verdin
Une production de Les Deux Mondes et le Rideau de Bruxelles
Codiffusion avec Le Groupe de la Veillée
Jusqu’au 3 février 2018 (1h30 sans entracte)
Théâtre Prospero – salle principale, 1371, rue Ontario Est, Montréal
Renseignements : 514-526-6582 – theatreprospero.com