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* Critique: «Hochelaga, Terre des âmes» (cinéma) de François Girard: Montréal, je t’aime!
[ Opinions et comptes rendus | Écrit par : yanik @ 08:03pm le 31st of December ]
par Yanik Comeau (ZoneCulture/Comunik MĂ©dia)

Verdun, samedi, le 13 janvier 2018- Le cinéaste et metteur en scène François Girard a pris plusieurs années à cogiter avant de pondre le scénario de sa carte postale, sa lettre d’amour à Montréal, «Hochelaga, Terre des âmes». Le résultat est saisissant ! Le réalisateur de «Cargo», «The Red Violin», «Thirty Two Short Films about Glenn Gould», «Silk» et, plus récemment, «Boychoir», nous offre une fabuleuse fresque qui s’étend sur 750 ans – une ambition pour le moins périlleuse mais qui évite habilement les écueils – en présentant quatre histoires à quatre époques différentes, nous plongeant – littéralement et métaphoriquement – dans nos racines.

Bien que le scénario démontre quelques faiblesses (notamment le personnage de Gilles Renaud qui est ni plus ni moins qu’un triste narrateur aux répliques insipides servant surtout à situer maladroitement le spectateur), les histoires que l’on raconte sont simples mais touchantes, accessibles et efficaces. François Girard n’a pas fait un documentaire pour les experts en géologie, en archéologie ou en histoire, mais un film de fiction pour divertir et toucher le cœur de l’humain qui acceptera de se laisser porter par l’Histoire, un film choral où les histoires apparemment non-reliées finiront par se croiser ou s’amalgamer.

Joué par le rappeur Samian (pas toujours juste mais néanmoins bien distribué et charismatique), le doctorant en archéologie Baptiste Asigny, aux racines amérindiennes, défend sa thèse devant son comité (des caméos amusants ici par le producteur Roger Frappier et le sociologue et animateur de radio passionné des autochtones Serge Bouchard), faisant référence à des artéfacts découverts lors d’une fouille archéologique rendue possible grâce à une triste catastrophe naturelle (un "sink hole") au stade Percival-Molson lors d’un match de football des Redmen de McGill.

Parmi la distribution, je souligne les excellentes performances de Karelle Tremblay et Miro Lacasse qui incarnent une Ursuline soignante (Sœur Béatrice) et un Jésuite troublant (Père Migneau) qui veillent sur les personnages d’Emmanuel Schwartz (Étienne Maltais) et de David La Haye (Alexis Leblanc), tout aussi formidables. J’ai aussi beaucoup apprécié le jeu de Sébastien Ricard dans le rôle d’un patriote accusé de trahison. Cet acteur et chanteur (membre des Loco Locass, rappelons-le) ne déçoit jamais et je me permets de glisser ici à quel point j’ai hâte de le revoir sur scène dans quelques semaines lorsqu’il reprendra «Dans la solitude des champs de coton» de Bernard-Marie Koltès à l’Usine C à Montréal.

Dans «Hochelaga, Terre des hommes», j’ai été touché par les personnages autochtones (le Prophète, joué par Raoul Max Trujillo est particulièrement envoûtant), leur poésie, leurs incantations, leurs rituels, présentés avec poésie et finesse par un réalisateur au sommet de son art et un directeur-photo (Nicolas Bolduc) sensible et fin. J’ai été soufflé par les images grandioses et les décors majestueux – plusieurs méticuleusement crées de toutes pièces par une équipe d’effets spéciaux des studios Mels qui donne envie, comme Québécois, de se péter les bretelles – du Montréal pré-Jacques Cartier, du village iroquoien,… Je me suis laissé envoûter par la musique originale composée par Gyan Riley et Terry Riley qui mériterait d’être vendue sur CD (triste que l’on ne mette presque jamais les bandes sonores de films québécois sur le marché, on le sait).

Parmi les scènes les plus marquantes du film, tout le monde retiendra l’arrivée de Jacques Cartier (incarné par le comédien suisse Vincent Perez) qui se présente devant le chef Tennawake (joué par Wahiakeron Gilbert, qui a aussi contribué à la traduction des répliques en langue Mohawk), lui faisant cadeau de pièces de vaisselle à l’effigie des grands «personnages» de la religion catholique. Une scène qui m’a rappelé l’écriture d’Alexis Martin dans ses pièces à saveur historique.

Présenté au Festival International de Film de Toronto en septembre dernier, Hochelaga, Terre des âmes était le choix du Canada pour l’Oscar du Meilleur Film en langue étrangère, mais n’a malheureusement pas fait la short list de 9 films choisis parmi les 92 soumissions venues des quatre coins de la planète. Les cinq films en nomination seront annoncés le 23 janvier.

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«Hochelaga, Terre des âmes»
Scénario et réalisation: François Girard
Distribution: Samian, Vincent Perez, Wahiakeron Gilbert, Raoul Trujillo, Sébastien Ricard, Siân Phillips, Linus Roache, Emmanuel Schwartz, David La Haye, Tanaya Beatty, Gilles Renaud, Karelle Tremblay, Miro Lacasse, Naïade Aoun
Direction photo : Nicolas Bolduc
Direction artistique : David Gaucher
Direction de la production : François Séguin
Une production Les Films SĂ©ville et MAX Films
Producteurs: Roger Frappier, Patrick Roy
En salles dès le 19 janvier 2018

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