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* Critique: Variétés: «Maintenant Demain» de Luc Langevin: Une machine d’une redoutable efficacité
[ Opinions et comptes rendus | Écrit par : yanik @ 08:53pm le 31st of December ]
Verdun, samedi, le 5 mai 2018 - Depuis qu’il a auditionné pour Claude Veillet de Téléfiction et qu’il est devenu la tête d’affiche de la série télé «Comme par magie» diffusée sur ARTV, Luc Langevin est devenu un des porte- étendards de l’illusion au Québec aux côtés des Alain Choquette et Mesmer. Bien sûr, ils ont tous leurs styles différents, leurs «trucs» de prédilection et, généralement, on aime ou on n’aime pas, mais une chose est certaine: Luc Langevin s’est créé un public fidèle et son charisme, son authenticité et ses numéros impressionnants l’expliquent en grande partie.

par Yanik Comeau (ComunikMédia/ZoneCulture)

Pour «Maintenant Demain», un spectacle d’envergure comme il n’a jamais pu s’en payer un auparavant (d’ailleurs, à la fin du spectacle, il remercie abondamment son commanditaire qui, selon lui, lui a permis de créer des illusions comme il a toujours rêvé de faire), Luc Langevin a fait appel à un de nos plus grands metteurs en scène de théâtre, d’opéra, de théâtre musical et de variétés, René-Richard Cyr, co-fondateur du Théâtre PàP et ancien directeur artistique du Théâtre d’aujourd’hui, qui, comme moi, «autant l’avouer d’entrée de jeu, [n’est pas] le meilleur public pour les spectacles de magie où [il se sent] souvent dupé, bluffé, berné.» Mais comme moi aussi, il semble s’être laissé séduire par la magie (dans les deux sens du terme) et par l’homme lui-même qui, malgré le fait qu’il dit venir de loin (timide et renfermé sur lui-même dans son enfance), fait preuve d’une énergie, d’une confiance en soi et d’une incontestable maîtrise de son art.

Après avoir promené son spectacle dans quelques villes avant sa grande rentrée montréalaise, Luc Langevin investit l’immense Théâtre Maisonneuve de la Place des arts comme s’il s’agissait de n’importe quelle autre salle. Il ne semble aucunement intimidé ou impressionné sans pour autant donner l’impression d’être au-dessus de ses affaires. Un bon dosage entre humilité et confiance qui le rendent encore plus attachant. On veut que ça marche! On ne lui souhaite pas de trébucher et de tomber en pleine face. Et pour le plus grand plaisir des sceptiques tout autant que celui des convertis, Langevin frappe un grand chelem.

Dans le numéro de préouverture, la table est mise rapidement. On est dans l’univers du cerveau qui nous joue des tours, du comment les statistiques, la science et la magie sont interconnectées, reliées. Avant même que l’artiste n’apparaisse sur scène, on a déjà assisté aux premières illusions. Audacieux parce qu’une scène vide, c’est souvent synonyme de désastre. Pourtant, avec une animation verbale et des éclairages efficaces, ce numéro de départ s’avère gagnant et Langevin réussit son entrée triomphale. En effet, le numéro du fauteuil, sobre mais efficace, sera la première pierre sur laquelle l’illusionniste construira un spectacle qui montera de plus en plus haut. C’est le cas avec l’épatant et amusant numéro des vêtements qui a l’air de rien au début et qui, finalement, cartonne.

Bien que le numéro du chien soit un peu plus faible tant au niveau du scénario qu’au niveau de l’illusion elle-même, il est néanmoins branché sur l’émotif et la mémoire sensorielle de l’enfance humaine alors… difficile d’y résister.

Suivront ensuite plusieurs numéros dans lesquels Langevin intègre ingénieusement la participation du public, choisissant au gré de ballons légers – style ballon de plage – lancés dans la salle des spectateurs qui monteront sur scène pour être éblouis d’encore plus près. Dans «Objets perdus», Langevin parle de la fameuse boîte d’objets trouvés dans laquelle on lançait tout ce que l’on trouvait à l’école primaire: mitaine égarée, gant solitaire, tuque, boîte à lunch… Intégrant trois spectateurs venus de la salle et leur demandant de lui remettre un objet qu’ils ont sur eux, le magicien ajoute une nouvelle tournure à un tour vieux comme le monde. Et c’est 100% réussi!

Le numéro baptisé «Photographies» est tout à fait épatant. Intégrant un couple recruté dans la salle – le soir de la première, c’est un couple gai marié qui est monté sur scène et ni Langevin ni le public n’a semblé s’en formaliser, signe des temps dans lesquels nous vivons (au Québec, s’entend!) –, le magicien raconte une histoire à partir d’une pile de photos qu’il brasse comme un jeu de cartes et à laquelle s’intègre – mystérieusement – le «selfie» qu’il a pris avec les amoureux avant de commencer son histoire. Et ce n’est pas tout! Ce tour, moderne, original et impressionnant, laisse tout le monde bouche bée… comme tout le spectacle, d’ailleurs.

Le numéro appelé «Miroir», plus traditionnel, tout en musique – l’environnement sonore créé par Simon Carpentier est merveilleux tout au long du spectacle –, est néanmoins époustouflant. On s’amuse beaucoup avec «Télépathie» aussi, un numéro encore plus traditionnel dans lequel Langevin joue à faire deviner des cartes à jouer et fait croire aux participants du public qu’ils ont des talents de mentaliste. Très amusant!

Enfin, le clou de la soirée est l’extraordinaire numéro de «Téléportation» qui est rien de moins qu’éblouissant. Intégrant trois membres du public, Langevin fait disparaître un spectateur d’un coffre-fort pour le faire apparaître à nouveau dans un autre… en direct sur Facebook (le soir de la première, le direct a connu un bogue, mais rapidement, Langevin s’est ajusté et en a fait une vidéo qui allait être diffusée plus tard), avec des caméras à l’intérieur des boîtes! Épatant!

La conclusion du spectacle, à mon sens, est peut-être son élément le plus faible. Dans l’«Épilogue», Langevin devient un jovialiste franchement cu-cu-la-praline, un gourou du bonheur qui fait rouler les yeux au plafond. Comme s’il avait inventé lui-même le dicton ‘Il faut viser la lune, parce que… même si on la rate, on se retrouvera parmi les étoiles’, Langevin encourage les spectateurs à poursuivre leurs rêves, faisant appel à son Anthony Robbins intérieur. Je m’en serais passé…

Cela étant dit, ce spectacle est excellent en tous points et voué à un grand succès. Pas de doute que les numéros soient nickel, que la machine soit bien huilée et que la vedette soit 100% authentique. Non seulement Langevin séduira-t-il le public déjà convaincu, mais encore je prédis qu’il ira chercher plusieurs sceptiques qui accepteront – ne serait-ce que pour une centaine de minutes – de croire au Père Noël encore une fois.

*****
«Maintenant Demain»
Un spectacle de Luc Langevin
Mise en scène: René Richard Cyr
Concepteurs en magie: Luc Langevin, Stéphane Bourgoin, Sébastien Clergue
Concepteur d’éclairages: Étienne Boucher
Conceptrice des décors et accessoires: Annie Séguin-Poirier
Musique: Simon Carpentier
Conception vidéo: Normal Studio
Producteurs: OKI Spectacles – Claude Veillet, Luc Langevin
Agent de spectacle: evenko
Première montréalaise: Mercredi, le 18 avril 2018 – Théâtre Maisonneuve, Place des arts
Représentations à venir:
Montréal – Théâtre Maisonneuve, Place des arts: 19 avril 2018, 30 novembre, 1er décembre 2018
Shawinigan – Salle Philippe-Filion: 27 avril 2018
Joliette – Salle Rolland-Brunelle: 28 avril 2018
Saint-Jérôme – Théâtre Gilles-Vigneault: 4-5 mai 2018
Sainte-Marie-de-Beauce – Salle Méchatigan: 11 mai 2018
Terrebonne – Salle Desjardins – Théâtre du Vieux-Terrebonne: 18 mai 2018
Drummondville – Maison des arts Desjardins: 19 mai 2018
Mont-Laurier – L’Espace Théâtre: 7 juin 2018
Sherbrooke – Salle Maurice O’Bready: 9 juin 2018
Saint-Eustache – Le Zénith: 13-14 juillet 2018
Laval – Salle André-Mathieu: 19-20-21 juillet 2018
Saint-Hyacinthe – Centre des arts Juliette Lassonde – Salle Desjardins: 7-8 septembre 2018
L’Assomption – Théâtre Hector-Charland: 21-22 septembre 2018
Victoriaville – Le Carré 150: 6 octobre 2018
Saguenay – Théâtre Banque Nationale: 9 novembre 2018
La Prairie – Salle Richard-Sauvageau: 23-24 novembre 2018
Québec – Salle Albert-Rousseau: 9-10 décembre 2018

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